L’université Lyon 2 dévoile son enquête nationale sur les monnaies locales !
L’Université Lyon 2 vient de dévoiler les résultats de son enquête nationale sur les monnaies locales. De novembre 2019 à janvier 2020, le laboratoire de recherche lyonnais Triangle a mené une enquête auprès de 63 monnaies locales en France, la première enquête nationale depuis 2014.
Dix ans après le démarrage des premières monnaies locales en France, en 2010, il s’agissait « de dégager des informations et données sur l’ensemble du champ des monnaies locales en France. La dynamique importante des monnaies locales en France et désormais leur ancienneté le justifiait. »
Le travail d’enquête a été mené en s’appuyant sur « les deux réseaux qui réunissent la plupart des monnaies locales en France : le réseau des Monnaies locales complémentaires et citoyennes (MLCC) d’un côté, l’association Mouvement SOL de l’autre. L’Enquête révèle que les 63 monnaies locales en circulation couvrent environ 13 112 communes, elles sont donc potentiellement utilisables dans 37,5 % des communes françaises.
Concernant leurs caractéristiques monétaires, une très grande majorité des monnaies locales commencent par le format papier et dans un avenir proche, un tiers d’entre elles devrait être passées au numérique. Globalement, les 76 monnaies locales en circulation fin 2018 enregistraient 30 601 adhérents particuliers, 8 302 prestataires et une masse en circulation de 3,27 millions d’euros. En 2019, on peut estimer ces chiffres, pour 82 monnaies locales en circulation, à 34 871 particuliers, 9 614 prestataires et une masse monétaire de 4,4 millions d’euros.
Les chercheur.e.s ont ainsi classé les monnaies locales en 5 groupes (clusters) en fonction de la masse monétaire en circulation et du nombre d’adhérents particuliers et prestataires (les professionnels membres du réseau). Il existe ainsi 12 monnaies locales à circulation confidentielle, 38 de petite taille, 19 de taille moyenne, 6 monnaies locales de taille importante et 1 monnaie locale de très grande taille (l’Eusko). « Les dynamiques à l’œuvre sont bonnes pour les très petites monnaies locales et pour la plus grande, mais plus mitigées pour les monnaies locales de taille diverse entre ces deux extrêmes », analysent les chercheurs.
L’enjeu clé de la participation
Concernant le sujet important des reconversions par les prestataires des monnaies locales en euros, « les associations doivent trouver un juste équilibre entre d’un côté l’élargissement du réseau des prestataires et de l’autre celui des particuliers et leur utilisation de la monnaie locale, ce dernier point étant particulièrement difficile ». La mobilisation citoyenne autour des monnaies locales est en effet un enjeu clé, déjà identifié par l’Institut des monnaies locales, qui propose une formation spécifique sur ce sujet, basée sur l’expérience de l’Eusko, pour en faire bénéficier les autres monnaies locales.
Une partie du rapport sur les liens avec les acteurs socio-économiques des territoires nous révèle que 90% des monnaies locales répondantes sont en relation régulière avec un autre acteur de leur territoire. « Les modalités de soutien des collectivités territoriales à l’égard des monnaies locales reposent essentiellement sur de la facilitation et de l’apport de ressources matérielles et humaines (61 %), du financement (53 %), et de façon très minoritaire une participation au circuit monétaire par la réception de paiements en monnaie locale (9,5 %) et la dépense en monnaie locale (6,5 %). »
Démocratie locale
Au fil du document nous découvrons également des éléments sur les associations porteuses des monnaies locales : « Les deux objectifs les plus souvent déclarés […] sont celui de la résilience territoriale par le développement de circuits courts et celui du renforcement du pouvoir citoyen et de la démocratie locale. La centralité de la dimension citoyenne des projets de monnaies locales se retrouve dans leurs modes de gouvernance : 67,5 % des monnaies locales mobilisent le consensus ou le consentement pour leurs prises de décisions et 15,5 % utilisent une méthode sociocratique ou holacratique pour prendre des décisions. » En outre, 31% des monnaies locales répondantes emploient au moins un.e salariée, et font largement appel au bénévolat, proportionnellement à leurs moyens financiers et à la présence ou non d’un.e salarié.e.
Retrouvez l’intégralité du rapport dans notre centre de ressources !
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